Eglise St Georges
Dédiée à St Georges, elle remonte à l’époque romane quand un château fort, dont il ne reste que quelques vestiges, présidait au centre du village. Profondément modifiée au XIIIème siècle, quelque peu fortifiée au cours de la guerre de cent ans, agrandie au XIXème siècle, actuellement, on reconnaît surtout un édifice de style gothique du Livradois. Pour son inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 04 mars 1991, la DRAC a réalisé une étude dont voici quelques éléments du dossier signé Claude RAFLIN).
« L’ancienne église de Tours-sur-Meymont dépendait, à la suite d’une donation faite par l’évêque de Clermont Guy de la Tour (1227-1249), du chapitre cathédral de Clermont, qui en recevait les dîmes et nommait les curés. De l’édifice primitif, il reste probablement une partie du chœur. Au XIVème siècle, il fut enveloppé dans un ensemble défensif construit pour les habitants du village, avec la permission des seigneurs de Meymont, pour surveiller les alentours. Ce fort comprenait l’église, les maisons qui y sont accolés et qui communiquaient avec la chapelle Saint-Georges, et le presbytère actuel, qui servait de tour de guet. Le bas-côté nord ou nef Saint-Georges qui semble dater du XVème siècle comporte une croisée d’ogive à clef pendante ornée d’un écusson et du mot Anjo, référence probable à Iseult de Meymont, épouse du seigneur d’Anjo.
La sacristie dont la clef de voûte porte l’inscription Chamerlat 1555 (notable local, bailli du château de Meymont), a dû servir de chapelle funéraire pour le cimetière situé sur la place actuelle.
Au XVIIIème siècle, des prêtres communalistes vivaient dans la paroisse et certains ont été enterrés dans l’église.
Au XIXème siècle, d’importants travaux modifièrent la structure de l’édifice. Un clocher, d’une hauteur de 33 mètres fut élevé. Dans les années 1830-1840 fut ajouté un deuxième bas-côté symétrique à la nef Saint-Georges. Des fonds baptismaux furent aménagés dans le mur sud : ils furent murés après 1918. L’actuelle cuve baptismale provient d’un moulin à huile ; En 1891, on procéda au lavement de la nef. Des travaux d’aménagement furent entrepris par deux fois, en 1955 et en 1982-1983 : ces campagnes firent disparaître le décor XIXème siècle qui ornait les voûtes et les murs de l’église » .
Les dernières réparations faites à l’église, au clocher, datent de 1966, après un incendie, et plus récemment, de 1998.
Entre 1686 et 1993, pas moins de dix-neuf prêtres ont servi la paroisse.
Pénétrons à l’intérieur de l’édifice par la vielle entrée ouest surmontée d’une première statue de Saint Georges écrasant le dragon. Sur les deux premiers piliers, le Curé d’Ars, à gauche et Sainte Thérèse, à droite nous accueillent. Au premier coup d’œil, nous remarquons que cette église est plus large que longue (19 et 18m), ce qui est assez rare. L’architecture est sobre et massive. L’édifice se compose de trois nefs à trois travées. Un seul vaisseau englobe le volume des trois nefs de même hauteur sous voûte. Au fil de la visite, nous observerons les petits chapiteaux figurés du XIVème siècle et une clef de voûte pendante armoriée. Au temps de l’Abbé Bertin, les murs ont été entièrement restaurés par l’entreprise Costilhes et les bancs refaits par Pierre Batisse. Le sol est recouvert de dalles dont certaines ont dû être soulevées à l’occasion de travaux, en 1978 laissant apparaître une certaine quantité d’os, aujourd’hui enterrés au cimetière, dans la tombe des curés.
Devant nous, le chœur est dominé par un maître autel en marbre, don de la famille de Guérines, du château du Bourgnon. Sur le tabernacle,figure une belle statue en bois doré de Notre Dame des Victoires. De chaque côté du chœur, soutenues par des angelots dont l’un a été volé en 1986, des statues en bois doré représentent, l’une, classée, Saint Pierre, et l’autre Saint Paul. Des boiseries garnissent les pans latéraux. Deux vitraux représentant Saint Georges et Saint Jean-Baptiste éclairent cette nef restaurée en 2003.
Sur le mur nord : une statue de St Georges traînant le pied par terre, aussi gros que son cheval, répertoriée aux monuments historiques. Sur l’autel en marbre blanc : une autre statue de St Georges en bois doré, œuvre du sculpteur Mabur. C’est dans cette nef, sur une belle clef de voûte pendante, qu’on peut lire « Anjo », du nom de cette Dame de Meymont, mariée en Roussillon, et qui avait testé en faveur de l’église de Tours. Autre statue classée : St Yves, patron des avocats, profession largement représentée à Tours avec la famille Coiffier.
Côté sud, la nef de la Sainte Vierge date de 1840. Sur l’autel en marbre blanc, s’élève une statue en bois doré e la Vierge, de Mabur également. Une petite porte datée sur son linteau de 1555 s’ouvre sur la sacristie faite par les Chamerlat. Deux vitraux : l’un ancien, rappelle la nativité, l’autre, de 1970, le baptême signé du maître verrier Makarievich, a remplacé celui cassé par les « bangs » d’avions.
Sur le mur, à proximité : un trinitaire classé (Sainte Anne, Marie et l’Enfant Jésus habillés en costumes du Moyen Âge) sculpté dans un même bloc de bois. Plus loin, un tableau répertorie les noms des quatre-vingt-dix-huit soldats de Tours, morts pour la France au cours du XXème siècle.
En face, sur un pilier : une statue de Notre Dame des Sept douleurs en bois polychrome.
A l’arrière, remarquons la niche arrondie des baptêmes, la vieille croix de l’Orme, du XVème siècle, en pierre de Volvic biface, récupérée après qu’elle eut été cassée deux fois par un char en bois, et l’ancienne cuve à huile reconvertie en fonds baptismaux, en granit taillé et sculpté, avec un couvercle en métal cuivré… A l’entrée : le bénitier dans « son chapiteau » ayant comme thème « la luxure ». Deux autres statues : l’une de Saint Pierre et l’autre de Saint Roch sont répertoriées.
Côté nord et toujours à l’arrière, dans la tour de l’ancien château, une porte renaissance puis un escalier en vis hors œuvre, en maçonnerie, permettent d’accéder au clocher qui abrite quatre cloches. La plus ancienne et la plus grosse s’appelle Marie Léonie Marceline et pèse 1345Kg. Installée en 1637, elle fut cassée et refondue en 1927. Près d’elle Marie-Pierre Etienne (729Kg) est là depuis 1884. Quant aux cadettes, Anne Marie René (368Kg) et Alexandrine (162Kg), elles ne datent que de 1927.
Les extérieurs
Le gros œuvre est en granit, pierres de taille et moellons, la couverture en tuiles mécaniques.
La façade sud,d’une grande simplicité, a été construite au XIXème siècle, en style néoclassique, en bel appareil régulier ; Une grande porte moulurée rompt un peu la monotonie de la construction.
A l’est, après l’avancée de la sacristie, le chevet est polygonal. L’angle nord-est est orné d’un tau en pierre, incomplet, qui pourrait évoquer Saint Antoine. C’est ici que l’on reconnaît la partie fortifiée, décrite ainsi que la DRAC : « Cette église massive se caractérise par les éléments de fortifications qui subsistent sur son chevet et sur ses élévations nord et est. Le chevet polygonal, épaulé par quatre contreforts sur les angles et éclairé par deux baies à arc en tiers point, est surhaussé d’un étage aveugle percé de trois archères canonnières. Une rangée de corbeaux atteste la présence autrefois d’un chemin de ronde garni de mâchicoulis ; Les faces est et nord de la nef nord sont garnies de ce type de flanquement ».
La façade nord, quant à elle, incorpore la tour et se prolonge par de vieux bâtiments, lesquels faisaient partie du système fortifié. Le clocher carré, typique du Livradois, s’élève sur l’angle nord-ouest, il est percé de fenêtres géminées séparées par une fine colonnade. Ce clocher n’a pas deux cents ans, il a remplacé l’ancien beffroi situé au-dessus de la porte principale.
Enfin, le côté ouest, presque aveugle, est percé d’un petit portail à voussures en ogive ; C’est là que s’ouvre la porte principale, point de départ de notre visite. Ce porche est surmonté d’une petite fenêtre circulaire.
Et, pour conclure sur l’église Saint Georges, d’après le spécialiste M. Raflin de la DRAC :
« La construction au XIXème siècle du collatéral sud néo-classique et du clocher a quelque peu desséché cet édifice ; pour ne rien arranger, une rénovation intérieure plus récente a supprimé tous les éléments de décors susceptibles de le réchauffer.
En dépit de ces facteurs regrettables, l’église de Tours-sur-Meymont n’en demeure pas moins un édifice considérable, tant par sa silhouette, ses volumes intérieurs, et surtout ses parties fortifiées, dont peu d’exemples équivalents subsistent dans le Puy-de-Dôme (cinq édifices environ déjà protégés) ».
* Tiré de l’ouvrage de Mme Monique Coudeyras : « Si Tours-sur-Meymont m’était conté » 2004